mercredi 8 avril 2009

NATURE ET CLASSIFICATION DES COÛTS LIÉS AU STRESS

Les coûts liés au stress professionnel sont aujourd’hui grandissants, mais encore loin d’être étudiés, isolés et analysés dans la majeure partie des entreprises. Certains coûts liés au stress au travail sont facilement identifiables, par exemple l’augmentation des frais fixes annuels versés à la C.S.S.T. par les compagnies suite à l’augmentation des « Burn-Out ». Cependant, il y en a d’autres, qui sont plutôt indirects : coûts liés à la perte de productivité au sein d’une équipe quand il manque une personne, coûts des tâches qui ne seront pas effectuées, coûts des retards d’échéance, etc. Ces coûts sont plus difficiles à identifier et souvent ne seront pas isolés, mais simplement seront perdus dans d’autres postes de coûts plus généraux, par exemple les frais généraux de fabrication. Ainsi, la mauvaise classification de ces coûts peut avoir des conséquences sur l’entreprise par exemple au niveau de ses décisions, de ses budgets et de ses tarifications. Par exemple, une entreprise qui soumissionne pour un projet quelconque doit tenir compte de ses coûts pour fixer le prix qu’elle soumettra pour obtenir le contrat. Il se peut que le prix fixé soit trop élevé et qu’elle perde le contrat dû à des coûts de main-d’œuvre plus élevés à cause d’une perte de productivité liée au stress.

De plus, des coûts sociaux se rattachent au stress, par exemple les coûts de mortalité prématurés par rapport à la durée de vie moyenne et les coûts des divers impacts défavorables sur les humains et leur vie. Ces coûts, bien qu’ils ne se rattachent pas directement à l’entreprise, sont énormes et pourraient être diminués si les entreprises préconisaient davantage de mesure préventive au niveau du stress relié au travail.

APPROCHES MICRO/MACRO

La mesure des coûts liés au stress peut se faire à deux niveaux, soit macroéconomique et microéconomique.(12)

Approche macroéconomique :

  • Évaluer les conséquences financières d’un facteur ou d’un risque particulier au niveau global de la nation.
  • Repose sur le croisement des données de santé publique ou de l’activité économique (absentéisme) et d’enquêtes statistiques ou de statistiques nationales.

Approche microéconomique :

  • Se concentre sur les coûts spécifiques à une entreprise ou a un employé
    “part de l’identification des différents postes de coûts liés aux conséquences d’un risque pour en évaluer les enjeux financiers”.
  • Comparer ces coûts avec les coûts des investissements à faire pour réduire ce risque (analyse coûts-bénéfices)

MESURER LES COÛTS DE L A PERTE DE PRODUCTIVITÉ LIÉE AU STRESS

Une étude a été faite sur 800 gestionnaires provenant de 12 industries différentes. Les gestionnaires ont répondu à un questionnaire qui ciblait trois caractéristiques fondamentales d’un employé et de son emploi. Ces caractéristiques sont : la disponibilité de trouver un remplaçant aussi efficace que l’employé, l’importance de l’employé au sein d’une équipe de travail et l’effet de son absence sur le travail de l’équipe, l’importance des tâches qu’il effectue, savoir si elles peuvent être suspendue sans problème ou si tout arrête quand ces tâches ne sont pas faites. Ils ont donc trouvé l’importance de chacune de ces caractéristiques et ont ensuite demandé aux gestionnaires d’évaluer au meilleur de leur capacité l’impact d’une absence de 3 jours et de 2 semaines.


À partir de ces données et en prenant comme mesure de base le salaire des employés, soit journalier soit selon un certain pourcentage, ils ont réussi à évaluer le coût du manque de productivité due à l’absentéisme. Enfin, plus les trois caractéristiques sont présentées, plus l’impact est grand et plus les coûts sont importants. Ils affirment donc que les coûts pour une journée d’absence pour plusieurs emplois sont beaucoup plus élevés que le salaire journalier d’un employé. (9)

"DES ÉCONOMIES À AIDER LES EMPLOYÉS"

Après avoir implanté quelques changements dans la division d’Atlanta, BellSouth a constaté que les changements affectaient beaucoup les employés. La compagnie a donc décidé d’implanter un programme d’identification et de gestion du stress. Ils ont rapporté qu’au bout d’un an, ils avaient économisé 13 millions de dollars en frais de santé et de compensations reliés au stress versés aux employés.

Comment?

Stress Directions a développé un questionnaire de 264 questions, accessible sur internet, pour évaluer la susceptibilité au stress, ses causes, ses symptômes et le stress anticipé pour les six prochains mois. Tous les employés ont répondu à ce questionnaire et par la suite, les données sont compilées par ordinateur. En parallèle, ils récoltent aussi des informations sur les coûts de soin de santé dans l’entreprise, la rotation des employés, le coût des assurances, pour évaluer les coûts reliés au stress pour l’entreprise. Les gestionnaires se servent de toutes ces informations pour cibler leur programme de gestion du stress et identifier les mesures à prendre pour améliorer la situation globale des employés et donc de l’entreprise. Par exemple, les résultats disaient que les quarts de travail de nuit étaient stressants, car les parents ne pouvaient pas être présents pour préparer leurs enfants pour l’école. L’entreprise a donc implanté des quarts coupés pour permettre aux mères d’être présente pour leurs enfants. (8)

COÛTS LIÉS AU STRESS EN FRANCE

M. Miller affirme qu’identifier et gérer le stress peut être une forme de risque de gestion organisationnel. « On doit se demander à quel point on est exposé à ce risque et qu’est-ce que ça nous coûte de réduire ce risque (8)».

Dans la présente étude, la méthode utilisée pour évaluer les coûts du stress au travail, autant au niveau des entreprises que de la société dans son ensemble, est la méthode des fractions attribuables. Cette méthode consiste à prendre la proportion des personnes exposées à un facteur de risque et le risque relatif, identifié comme étant l’intensité du lien entre le facteur de risque et la fréquence de la “maladie”. Cela permet donc de déterminer la proportion des cas attribuables à cette “maladie” en question.

Dans le cas présent, le facteur de risque retenu est en fait un facteur de stress qui se nomme le « job strain » (conjonction de fortes exigences et faible autonomie au travail). La “maladie” retenue est constituée de trois différentes maladies causées par le stress : maladies cardiovasculaires, dépression et troubles musculo-squelettiques. Ces dernières ont été retenues vu leur étude plus approfondie par rapport à d’autres maladies liées au stress. Les proportions sont obtenues à partir de données d’études épidémiologiques et d’enquête sur les conditions de travail. Ainsi, l’étude révèle que sur une population active de 23,53 millions de personnes, entre 220 500 et 335 000 personnes (1% à 1,4%) sont ou ont été touchées par une maladie liée au stress professionnel.


Après avoir trouvé ces proportions, il est possible de mesurer les coûts qui s’y rattachent. Deux modèles sont ici utilisés, soient un pour les entreprises et l’autre pour la société. Celui pour les entreprises considère les coûts des soins, de l’absentéisme et des décès prématurés vis-à-vis l’âge de retraite. Le coût des soins ajouté aux coûts des décès prématurés vis-à-vis l’espérance de vie moyenne de la population considérée est prise en compte pour le modèle de la société. Enfin, le coût du stress se trouve donc par le croisement des proportions de cas attribuables et des données de coûts pour chaque “maladie”.(12)

LES OUTILS DE COMPTABILITÉ DE MANAGEMENT AU PROFIT DE LA GESTION DES COÛTS LIÉS AU STRESS AU TRAVAIL

Dans le domaine des affaires, il est souvent difficile d’avoir le soutien de la direction lorsqu’il est question de projet impliquant des dépenses puisque les ressources financières sont toujours limitées. Il est d’autant plus difficile lorsque ces dépenses ne sont pas reliées à un objet pouvant être vendu pour générer des bénéfices.

La Van (Valeur Actuel Nette)

La Van est un élément important qui possède les caractéristiques pour nous permettre de faire comprendre aux gestionnaires d’une entreprise l’importance d’une bonne gestion du stress. Puisqu’une diminution du stress global entraîne généralement une augmentation de productivité et une diminution des jours d’absentéisme, nous pouvons montrer les effets monétaires qu’aurait un possible investissement visant à diminuer le stress en se basant sur les résultats obtenus dans des entreprises semblables. La Van permettrait de voir l’impact des économies réalisées par la diminution des jours d’absentéisme, les gains générés par l’augmentation de la productivité et de savoir la valeur total du projet dans son ensemble.

Analyse coût-bénéfice

L’analyse coût-bénéfice est un outil pouvant nous servir à déterminer le seuil de rentabilité d’un investissement. Cet outil peut aider les entreprises à comprendre les risques associés à un investissement en comparant les résultats attendus aux changements minimum requis pour que l’investissement soit bénéfique pour l’organisation.

La comptabilité par activités

La comptabilité par activité aide les compagnies à séparer avec une plus grande précision les coûts associés à un produit en fonction des activités consommées par le produit. Dans le domaine de la gestion du stress, cette comptabilité pourrait donner de l’information intéressante concernant l’impact du stress sur le coût de revient des produits et services de la compagnie. Ainsi, certains produits ou services qui sont considérés comme rentables peuvent, en fin de compte, être non rentables en conséquence du stress y étant associé. Les gestionnaires pourraient voir en termes de perte de valeur unitaire les coûts d’une gestion du stress inadéquats.

FIN PARTIE TROIS

mercredi 18 mars 2009

PISTES DE SOLUTIONS

La comptabilité de management renferme un grand volet stratégique qui nous pousse à prendre un certain recul face à une problématique pour en analyser l’ampleur des ramifications qu’elle peut avoir sur les différentes facettes de l’entreprise. Dans le cas du stress vécu au sein des entreprises, nous croyons qu’il est nécessaire de commencer par trouver l’origine des problèmes pour en minimiser les effets néfastes.


Que le stress soit de source externe ou interne, ses impacts se font sentir au sein de l’entreprise. Les gestionnaires doivent donc être à l’écoute des signes non verbaux et bien connaître leurs employés. Les changements de comportements peuvent cacher une baisse de productivité et de réel coût pour l’entreprise. Ainsi, la dimension prévention et observation demeurent le meilleur atout pour les gestionnaires.